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No8
   4-octobre-1999   

REPONSES AUX INTERROGATIONS ACTUELLES DES SALARIES SUR LA NEGOCIATION ARTT CHEZ COCA-COLA ENTREPRISE

Quel est la marche de la négociation ARTT chez Coca-Cola Entreprise?

La négociation sur l'ARTT chez Coca-Cola entreprise ressemble beaucoup au Journal Interne de Coca-Cola qui répète la même chose car il y a eu une petite rayure sur le disque. La direction ne semble pas pressée de donner le petit coup de pouce sur le bras de lecture pour que la négociation se repositionne sur le rail qui progresse au lieu de tourner en rond.

Comment comprendre les tableaux d'organisation du travail présentés par Coca-Cola Entreprise ?

Les 6 hypothèses de travail posté présentées par la direction ont été représentées avec un habillage qui se veut explicatif. On mélange les carottes (temps de travail effectif, temps de pause, temps de présence) avec les navets (temps payé). Mélanger les carottes que sont des durées avec les navets qui sont des rémunérations, c'est le meilleur moyen de prouver ce qu'on veut, sauf l'évidence. Quand on oublie sur les feuilles détaillées de comparer les divers temps (effectif et de pause) à la durée légale du travail qui a comme base 35h en l'an 2000, il est sûr qu'on ne le fait pas sans raison.

Que va devenir la pause postée chez Coca-Cola Entreprise ?

C'est vrai que les employeurs, en signant la Convention Collective des BRSA qui accordait 30 mn de pause payée, ne se ruinaient pas en choisissant certains types d'horaires comme le 3/8 puisque le total des pauses à payer, soit 2h30, était juste ce qui permettait d'arriver de 36h30 de travail effectif à 39, temps légal. Maintenant que la durée légale est de 35, il est sûr que les employeurs qui choisissent 35 heures de travail effectif devront rémunérer effectivement les pauses de 2h30 (ou négocier leur conversion en jours de repos ARTT ou en compte épargne temps comme le permet un accord d'entreprise dans le cadre de la loi Aubry). Une seule chose est certaine: les salariés postés ne vont pas accepter de faire des pauses gratis chez Coca-Cola Entreprise.
Pour reconquérir la confiance des consommateurs après la crise franco-belge, il faut accepter de perdre un peu. Pour reconquérir la confiance des salariés postés après les douches froides des 16 et 23 septembre 99, il faut accepter de respecter l'Article 52 de la Convention Collective. Lors des réunions de négociation qui ont eu lieu sur l'accord national de branche accompagnant la loi Aubry, aucun patron n'a cherché à modifier cet Article 52. Il serait malvenu pour Coca-Cola Entreprise de proposer dans un accord d'entreprise quelque chose d'inférieur aux accords de branche alors que les accords d'entreprise sont faits pour les améliorer. Cet Article 52 a été fait pour donner aux salariés postés une atténuation de fatigue et une compensation financière. Il n'a pas été fait pour faire courir l'âne derrière la carotte.

Sur quelles bases un accord ARTT est-il possible chez Coca-Cola Entreprise ?

Chaque catégorie de salarié ayant participé à des groupes de travail a exprimé des intentions claires et l'enquête publique que nous avons faite montre notamment:
Les salariés postés s'attendent au respect des pauses payées de la Convention Collective et à une organisation du travail la plus régulière possible, tout en ayant la possibilité de souffler un peu individuellement.
Les salariés en journée ont exprimé, pour les services support, la demande de revoir l'ancien usage de 1h de pause à partir de la loi Aubry qui impose désormais 20 mn au moins (pour les salariés qui le souhaitent) et la demande d'horaires individualisés dans certaines plages.
Les salariés du commercial souhaitent des jours de récupération ARTT pouvant être pris, selon les types d'activités, dans les périodes plus creuses au choix du salarié, une meilleure organisation des remplacements et des moyens de communication et de réapprovisionnement plus adaptés au direct ou à la proximité clients.
Les cadres ont manifesté un intérêt pour les jours ARTT et de compte épargne temps récupérant réellement les longues journées de travail effectif, une amélioration des outils mis à leur disposition et une meilleure implication de la direction dans les aléas et difficultés du travail de management.

Quelles suites doit-on attendre de la négociation ARTT chez Coca-Cola Entreprise ?

La suite de la négociation ARTT dépend essentiellement des intentions de Coca-Cola Entreprise. Quelles sont-elles? Pour répondre à cette question, il faut voir quelques signes inquiétants.
L'information écrite et affichée donnée aux salariés est plus importante que celle donnée aux délégations syndicales qui négocient. Nous nous en sommes étonnés et cela persiste.
L'information écrite pour les salariés de la part de l'employeur est normale tant qu'elle n'est pas manipulatrice. Par contre:
1o une information qui n'est pas envoyée aux délégations syndicales en même temps que les affichages n'est pas normale,
2o une information, qui vient du siège, et qui est différente selon les sites n'est pas normale,
3o une information qui rend compte de certaines choses, qui en oublie d'autres et qui en invente en plus n'est pas normale.
Tout cela a certainement une signification car rien de ce qui se fait ou se dit autour des 35 heures ne se fait sans concertation entre le siège et les sites.
Une des synthèses de la direction diffusée dans un site fait état de "divergence" entre les organisations syndicales et Coca-Cola Entreprise. Si la mise en avant de "divergence" signifie que les syndicats défendent des intérêts de ceux de l'employeur, tout le monde le sait déjà car il est normal qu'un employeur défende les intérêts de l'employeur et que les syndicats défendent les intérêts des salariés. Les délégations syndicales et Coca-Cola Entreprise se rencontrent dans le cadre d'une négociation. Les organisations syndicales ne se rendent pas aux réunions ARTT programmées avec Coca-Cola Entreprise pour faire un constat de divergences. Qui dit négociation ARTT dit recherche d'un compromis entre les intérêts de Coca-Cola Entreprise et les intérêts des salariés, tout en respectant les lois Aubry, la Convention Collective des BRSA et l'accord de branche. Il n'est pas possible pour les organisations syndicales de convenir de choses inférieures à la législation.
Coca-Cola Entreprise sait qu'il a intérêt à négocier car une absence d'accord ne permettrait pas à l'employeur d'appliquer les 35 heures en fonction de la marche de l'entreprise. Les organisations syndicales savent les avantages pour l'employeur du nouveau décompte du temps du travail qui résultera d'un accord, mais elles ont intérêt à négocier cet accord pour que les aménagements se fassent en fonction des intérêts des salariés.
Les délégations syndicales ont précisé qu'elles voulaient poursuivre le 7 octobre la négociation ARTT sur l'industriel. Les délégations syndicales sont aux réunions pour aboutir à des textes négociés et pas pour faire étalage de discours (ou de questions) dans le nouveau salon du siège.


SUR LES NOUVEAUX RESEAUX DE VOLS DE PRODUITS DECOUVERTS A COMBS-LA-VILLE

Les récents et nouveaux vols de produits à grande échelle à Combs-la-Ville ne peuvent qu'inquiéter les salariés de Coca-Cola Entreprise. "Avant, Grigny était la bête noire. S'il y a aussi Combs-la-Ville, c'est plus Grigny." "Ca arrive souvent chez Coca-Cola. On entend souvent parler de ça. Ca fait désordre.". "On se prend la tête à sortir des palettes et on nous les vole.". "Je trouve que c'est anormal de voler son entreprise." Les interpellations et arrestations des réseaux avec la complicité de salariés Coca-Cola sont vécues avec soulagement. ".Je suis très content qu'on ait trouvé les personnes qui se sont fait prendre à voler. Heureusement car cela jetait un doute sur tout le monde.". "Les arrestations me font plaisir. Je n'aurais pas pensé que de nos jours les gens continuent à faire des choses comme ça.". "S'il y a des gens malhonnêtes, il est normal qu'ils soient punis.".
Les salariés de Coca-Cola Entreprise ont participé, à une grande majorité, au plan d'actionnariat. Il est normal qu'ils s'inquiètent des économies qu'ils placent. Pourtant, Coca-Cola Entreprise n'informe pas comme elle le devrait sur ces vols en bande organisée alors que ces salariés se sentent éclaboussés dans l'image qu'ils donnent d'eux-mêmes par leur travail quotidien. Les vols à l'usine de Grigny en 1996 par camions entiers n'ont été qu'une affaire locale pour la Direction. Les salariés sont étonnés d'apprendre, par les journaux, que l'affaire vient d'être jugée en Cour d'Appel à Paris alors qu'ils ne savaient même pas qu'un Tribunal avait déjà prononcé des condamnations. Si l'employeur ne se préoccupe même pas d'informer les salariés qui le demandent et s'il n'informe pas non plus les salariés des autres sites, comment s'étonner que les trafics continuent. Les assurances ont bon dos. Avec ce silence de l'employeur sur les vols et ses conséquences, on peut presque se demander si les dommages et intérêts obtenus par Coca-Cola Entreprise ne sont pas une forme de vente "indirecte".
Quand Coca-Cola fait le silence, comment s'étonner que les salariés qui peuvent observer des choses anormales gardent aussi le silence. Coca-Cola a-t-il un plan pour contrôler la quantité des produits qu'il met en stockage comme il en a sur le renfort de la qualité? Il serait temps. Pour améliorer la communication permettant à l'employeur d'être alerté sur les anomalies quantité (pour ce qui échappe aux comptages et écarts de stocks si les arrangements se font au niveau des écritures), il faut aussi modifier certaines méthodes de management car quand on dit aux salariés de s'occuper de leurs affaires, qu'on les menace ou qu'on réduit la communication entre eux, cela permet bien des choses.


   top.gif    Dépôt CCE Grigny: 4-octobre-1999   
   c.gif    Responsable de publication: André PUJOL