COMMUNICATION 2006 A l'USINE
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Vers la communication des machines
2007 sera l'année de la communication des machines dans les usines de Coca-Cola Entreprise, après le pilote de CCP de Dunkerque. Nous ne doutons pas que, grâce aux doigts et aux cerveaux des opérationnels qui rentreront les données ou les scanneront, que ces machines pourront dialoguer.
Où en est la communication des hommes?
Mais où en est en 2006 la communication entre les hommes qui travaillent dans les usines? Certains directeurs ont fait ou font des efforts, mais le LU du dialogue social n'est toujours pas ce qu'il pourrait être. Les remontées des problèmes des opérationnels vers l'encadrement du CDU passent par une oreille et semblent ressortir par l'autre. Et cet encadrement découvre périodiquement que ses ordres erronés sont accomplis scrupuleusement par les opérationnels lassés, même si certains voient qu'un appareillage ne tiendra pas ou que des palettes non conformes sont faites. Et le booster est tellement dépendant de choses qui échappent aux opérateurs qu'il n'est plus vraiment un espoir au quotidien.
La communication écrite de la direction
La direction semble s'être enfermée dans une bulle. Et le journal du même nom qui sort à Grigny est tout un programme. On s'y glorifie de tout, on annonce des lendemains qui chantent pour les actionnaires et les interviews des opérationnels répondent à des questions si orientées qu'on entend la même chose que ce que dit la direction. Quand on s'enferme dans une atmosphère confinée, il est difficile d'y voir clair.
Pourquoi le dialogue social ne fonctionne pas comme cela pourrait être?
1o Parce que le seul objectif de l'employeur est ses propres objectifs.
Les opérateurs ne sont pas contre le LU car avec des machines automatisées qui fonctionnent bien, les conditions de travail sont moins pénibles qu"avec un mode dégradé. Mais si on veut faire avancer le LU sans résoudre en même temps les conditions de travail, on fera du surplace au niveau LU. Et c'est bien pour cela que les rendements arrivent à saturation: par non prise en charge des conditions de travail des opérateurs et des mécanos. Bien sûr, les résultats sécurité n'inquiètent pas trop la direction, même si les opérateurs paient le prix fort pour chaque coup, blessure ou amputation. Mais justement, la direction semble s'imaginer que si la sécurité s'améliore, les conditions devraient aller. Si la direction faisait un peu plus de terrain (et pas de préférence au moment des débrayages pour chercher vainement à dissuader ou à rassurer), elle verrait bien que ces conditions sont maussades. Des problèmes ne sont pas réglés depuis plusieurs années et les nouveaux équipements sont mis en place avec de nouveaux problèmes. Chaque trois mois, cette direction découvre une zone différente lors des visites du CHSCT et constate que chacune a des conditions de travail dégradées. Des ergonomes proposent des pistes de solution, les délégués n'arrêtent pas de faire remonter les problèmes dans les instances représentatives. Des ordres sont bien donnés venant du haut à l'encadrement, mais les réalisations s'enlisent parce que ce n'est pas la priorité, sont écartées parce que trop chères quand on vient juste d'investir ou quand on économise pour un nouvel investissement, sont déformées pour éviter de résoudre le problème en disant que l'opérateur n'a qu"à faire attention.
2o Parce que les opérateurs ne sont pas écoutés.
La majorité des cadres travaille consciencieusement et avec un réel dévouement pour la société. On voit même des cadres autrefois bien maladroits s'humaniser après des remontées auprès de l'employeur (preuve qu'il ne faut jamais désespérer des hommes et que la direction intervient quand on le lui demande). Mais ceux qui partent après avoir été attirés par l'image Coca-Cola laissent des confidences qui ne peuvent que nous interroger. Pourquoi ce contraste? C'est qu'il y a bien ceux qui ramassent une bouteille quand elle traîne sous un convoyeur et ceux qui se déplacent jusqu'à l'opérateur du coin pour qu'il la remette sur la chaîne illico. Evidemment, l'histoire de la bouteille fait le tour de l'usine et on regarde drôlement le cadre en passant. Certains croient-ils avoir des têtes sans mains en s'adressant à des mains sans tête?
L'irrespect se manifeste sous des formes diverses dans les usines Coca-Cola. On dit des paroles blessantes, des menaces, des paroles du genre "je verrais plus tard", "je peux pas t'écouter", on parle d'une façon catégorique qui interdisant tout échange ou on oriente la réponse "est-ce que tu ne penses pas que".
Les réunions d'équipe pourraient être des occasions d'échange s'il y avait écoute, mais on se garde bien de répondre aux questions gênantes ou bien on cherche à les éviter. Et l'excuse du je ne sais pas bien parler aux opérateurs ne tient pas car on leur demande justement d'écouter. Avant de faire fonctionner une machine, il est bon que l'opérateur lise le mode d'emploi. Avant de faire manager une équipe par des cadres, il est bon que l'employeur les forme. Les opérateurs veulent un encadrement qui les aide à travailler.
Les opérateurs ne peuvent pas s'exprimer dans ces réunions d'équipe si l'employeur les laisse utiliser en formations. Ce n'est pas rare et ce n'est pas normal.
3o Parce que les délégués du personnel qui remontent les problèmes ne sont pas entendus.
La direction est peu présente dans la délégation du personnel, et écouter les représentants que se sont donnés les salariés à travers un compte-rendu d'un représentant de la direction n'est pas normal. Le code du travail préconise le dialogue direct et un Responsable des Ressources Humaines est fait pour conseiller la direction parce qu'il connaît le mieux les salariés et pas pour décider sur des engagements financiers. Si les salariés présentent trop de remontées de réclamations, on se désespère en disant qu'on n'aura pas le temps de tout traiter. Mais si l'employeur traitait préventivement ces problèmes, il en aurait moins en réclamations. Que serait une direction qui ne ferait pas de préventif sur les machines et qui se plaindrait que les machines tombent tout le temps en panne et que les mécanos passent trop de temps à les rafistoler? N'est-ce pas la même chose pour les hommes? N'ont-ils pas droit au même respect que les machines? On s'entend aussi dire que les réclamations sont des problèmes d'équipe qui pourraient être traités plus bas. Mais pourquoi n'écoute-t-on pas les salariés qui les ont déjà posés en bas? Ou pourquoi les remontées vers le haut ne se font-elles pas? Quand les chefs n'écoutent pas, les délégués que se sont donnés les salariés se font leur porte-parole.
La fête des 20 ans
A l'occasion des 20 ans de l'usine de Grigny où les "pilotes de ligne" ont été mis en valeur, tant par des photos, des tenues propres que par des panneaux explicatifs sur le travail des opérateurs avec leurs machines, les salariés ont été surpris de découvrir une usine enfin nettoyée, des cadres sur le terrain et tout un chacun à l'écoute de l'autre. On voudrait bien que l'usine ait 20 ans tous les jours.
Le demain que nous voulons
Mais aujourd'hui n'est plus hier. Que sera demain? L'employeur connaît maintenant les problèmes parce que les salariés ont dit assez. L'employeur connaît les solutions car il est passé voir les différents services pour écouter. Tout le problème est: veut-il une réforme ou non? va-t-il faire évoluer certaines pratiques managériales ou non? va-t-on lui donner plus haut les moyens financiers d'alléger les conditions de travail (sécurité, adaptations, effectif) ou plus tard?
Dépôt CCE Grigny: 16-novembre-2006
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Responsable de publication: André PUJOL
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