Texte ==> Audio  

No39
   16-avril-2003   

OU VA L'USINE DE GRIGNY?

Le consommateur, nouveau Directeur de l'usine de Grigny?

L'industriel sans les ventes ne peut pas vivre. La bouteille n'est rien sans le consommateur et c'est bien les besoins du consommateur qui déterminent les engagements d'une usine.
Depuis le début de l'année, le Comité d'établissement est constamment sollicité pour de nouveaux calendriers RTT à une période où les salariés doivent solder les congés de 2002. De telles modifications ne peuvent qu'engendrer des atteintes à la vie privée et à l'avenir des ménages.
Que les engagements d'une usine soient déterminés par les consommateurs, c'est certain. Mais il ne s'ensuit pas que cela engage les salariés. Pourquoi?

Des journées "follamour" chez Coca-Cola?

L'organisation du travail doit répondre au respect du droit du travail et à la consultation des élus du Comité d'établissement. Néanmoins, il existe un accord ARTT et un accord sur les équipes de suppléance qui sont un garde-fou contre le pouvoir de l'employeur.

La grève du 6ème jour!

Hier, la direction a convoqué les élus du Comité d'établissement en réunion extraordinaire en laissant entendre auparavant que le point, bien alambiqué d'apparence anodine, ne concernait que les jours fériés à faire sur la base du volontariat. On était habitué déjà à se méfier des confidences de l'employeur, mais pas au point d'imaginer les "idées" nouvelles du management. Nous nous sommes retrouvés avec une demande surprise d'avis sur un volontariat de travail de 6 jours sur 7 du lundi au samedi avec un prétexte de retard sur le planning de production.
Le élus ont eu droit à des déclarations du genre: Nous avons lu le code du travail, nous avons lu l'accord Week-end, il n'y a pas de problème pour nous! On comprend bien qu'un employeur na pas de scrupule à écourter le droit de repos des salariés, mais l'époque où les salariés travaillaient 6 jours sur 7 est révolue et le Code du travail de la direction n'est pas le code 2003.
Force Ouvrière ne permet pas à un employeur de s'asseoir sur le Code du travail! L'employeur voulant malgré tout passer outre aux protestations des élus de Force Ouvrière (nous sommes les seuls élus et représentants présents à avoir fait barrage), nous avons déclaré à l'employeur que notre syndicat avait des moyens d'empêcher des illégalités. Si l'employeur persistait, nous avons indiqué que Force Ouvrière demanderait aux salariés de faire grève ce sixième jour qui est aussi le premier jour des équipes Week-end, et que nous étions certains que notre syndicat ne serait pas le seul à appeler au débrayage. Nous avons rappelé que le premier débrayage à l'usine de Grigny avait eu lieu un samedi de Week-end justement. Les salariés des équipes de suppléance ont le droit de préserver leur emploi et de vouloir le maintien de leur type de travail choisi. L'employeur a retiré sa demande et en est resté à des nombres de lignes engagées dans le calendrier et à du volontariat pour 3 jours fériés.

Tout travail mérite salaire, mais tout travail en plus qui désorganise la vie privée mérite un retour!

Quand il s'agissait de la Coupe du monde de football et d'un enjeu national vu les investissements publicitaires, l'employeur reconnaissait les efforts demandés aux salariés et avait prévu une prime spéciale et des possibilités de report exceptionnel des reliquats de congés sur l'année suivante.
Nous ne voulons pas d'un café gratis ou d'un plat de lentilles en plus.
Nous préférons que la direction nous fasse des propositions pour les jours fériés travaillés sur la base du volontariat avec des heures payées à +100% +1 jour de récupération au libre choix du salarié.
Ou bien une prime volontariat tenant compte de l'effort des salariés au prorata de leur engagement (comme il existait chez la SPBG une prime de présence de 800F pour les salariés non absents sur toute l'année).

Pourquoi ces demandes inacceptables de travail du 6ème jour apparaissent?

Que traduisent ces tentatives de l'employeur? Un non -dialogue tout simplement. Face à la fermeté de Force Ouvrière, l'employeur s'est dit prêt à discuter sur d'autres moyens permettant de faire face aux demandes clients. Il vaut mieux discuter avant d'avoir foncé dans un mur tête baissée qu'après. Des solutions existent déjà. L'accord ARTT a prévu une réduction du temps de travail et les salariés ont le droit de profiter de ce temps. Si l'employeur veut augmenter les lignes de production engagées, il existe une formule magique: faire tourner sur plusieurs lignes en Week-end en embauchant les équipes nécessaires.
C'est l'organisation du travail planifié par l'employeur et ses investissements qui engendrent ces pressions sur le temps de repos des salariés. L'employeur a choisi le flux tendu. Puis il a augmenté le nombre de parfums. Il est évident qu'il faut prévoir du stockage supplémentaire pour faire face aux besoins. L'employeur a choisi de privilégier le curatif sur le préventif pour la maintenance. Il est évident qu'à force de trop solliciter la voiture, elle tombera en panne un jour ou l'autre. Et les pannes se multipliant (puisque la baisse du LU dépend essentiellement des temps de pannes), il faut trouver un moyen de produire les caisses que le rendement du LU prévu n'a pu faire. C'est la fuite en avant, en faisant courir les salariés volontaires toujours plus vite. Ce n'est pas en tout cas en modifiant l'organisation de la maintenance que le LU s'améliorera. Mieux travailler, si l'on n'a pas le temps ou les effectifs pour travailler, cela produira de la meilleure qualité, mais pas des quantités de bouteilles. Il faut peut-être revoir l'organisation même du travail maintenance.


   top.gif    Dépôt CCE Grigny: 16-avril-2003   
   c.gif    Responsable de publication: André PUJOL