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No37
   14-avril-2003   

LA SECURITE ET LA SANTE AU TRAVAIL SONT-ELLES GARANTIES A L'USINE DE GRIGNY? (Cinquième partie)
5) ENQUETE AUPRES D'ENQUETEURS DE L'EVALUATION DES RISQUES SECURITE AU TRAVAIL

Quelle utilité as-tu vue à ta participation à l'évaluation des risques sécurité au travail? Que t'ont apporté cette démarche et les analyses?

  • J'ai découvert des zones insoupçonnées ou peu connues. J'ai vu des zones dangereuses et des postes assez difficiles en terme de surcharge de travail, de stress et de risque.
  • J'ai apprécié la proposition de l'employeur de participer à cette démarche légale car elle supposait que j'avais un regard critique sur les zones de travail au-delà de mon propre poste de salarié.
    J'ai surtout apprécié cette nouvelle législation du travail car j'ai toujours été convaincu de ce que la prévention des accidents ne doit pas se faire seulement à partir de l'arbre des causes après accident, mais aussi des accidents qu'on a failli avoir et auxquels on a échappé de peu. L'employeur a un peu amélioré les choses récemment en intégrant un arbre des causes à des accidents légers choisis, mais ceux qui n'ont pas été élus demeurent, de même que les accidents ou incidents qui n'ont pas provoqué d'"accident du travail" proprement dit parce qu'ils ne sont pas entrés en contact avec un salarié. L'étude de l'analyse des risques peut permettre de les prendre en charge, si du moins un suivi existe et si l'étude est refaite car entre temps, de nouveaux risques peuvent apparaître.
    J'ai apprécié une enquête faite à la base par les salariés qui ne sont pas spécialistes sécurité ou pas chefs auprès d'autres salariés. C'est nouveau, et le dialogue qui en résulte est fructueux.

Comment ont réagi les salariés que tu as vus?

  • Quand on arrivait dans une zone, nous étions souvent regardés de travers et nous essuyions des critiques sur l'intérêt de cette démarche perçue comme peu intéressante et ne servant à rien. Mais quelques minutes après, la glace brisée, la plupart des opérateurs acceptaient de nous montrer la zone.
    En fait, les plus sceptiques devenaient la plupart de temps les plus bavards.
    Il est même arrivé que certains nous fassent une liste dans l'attente de notre deuxième passage.
  • Pour le cadre en poste, la réaction à notre arrivée a été une méfiance instinctive: "Qu'est-ce que vous faites là?", qui n'avait pas l'air de nous protéger des dangers de la zone, vu la liste de ceux découverts sur le poste et le désintérêt du cadre à l'enquête puisqu'il ne nous a pas proposé de sécuriser la zone après qu'il ait su l'objet de notre visite.
    Les salariés travaillant habituellement sur le poste ont de suite participé activement au listage des points dangereux ou étaient contents que l'on découvre des choses à risque auxquelles ils s'étaient habitués. Certains salariés étaient plus prolixes lors du deuxième passage, ce qui montre l'utilité de ce retour.

Quelle variabilité de réponses as-tu obtenue selon les postes enquêtés?

  • Sur certains postes de graves problèmes de sécurité ont été constatés avec des risques de mort d'homme; sur d'autres, des problèmes mineurs. En global, c'est surtout les nouvelles installations qui paraissent les plus dangereuses.
  • Certains postes ont des situations de travail dangereuses et la vigilance de tout instant et le travail sans stress sont absolument nécessaires pour éviter les risques. Pour d'autres, des modifications matérielles, environnementales ou procédurales pouvaient réduire les risques de façon considérable.
    Si l'on considère l'ensemble des postes, les risques détectés par les enquêteurs et les risques spontanément évoqués par les salariés du poste sont moitié-moitié.

Comment vois-tu l'usine avec des solutions apportées aux risques évalués?

  • Si des solutions sont apportées et mises en oeuvre, je pense que les opérateurs de l'usine ne pourront qu'y gagner, mais attention aux solutions engendrant d'autres problèmes ou des difficultés d'utilisation!
    Il ne faut pas oublier que c'est l'employé le premier concerné.
  • Le seul côté immédiat visible est que les supérieurs hiérarchiques, au-delà de la mise en place des nouveaux équipements, si tant est qu'ils aient été examinés par le CHSCT, ne sont plus les seuls responsables de la maintenance ou des améliorations sécurité. On voit avec soulagement qu'ils sont obligés de s'occuper de la sécurisation des risques listés dans l'étude alors qu'auparavant, des mois ou des années passaient sans les travaux de sécurisation. Qu'il y ait quelque chose qui oblige les chefs à se préoccuper de la sécurité des salariés et pas seulement du travail fourni est un vrai bouleversement. On peut souhaiter que cela devienne une vraie culture.


   top.gif    Dépôt CCE Grigny: 14-avril-2003   
   c.gif    Responsable de publication: André PUJOL