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No34
   9-avril-2003   

LA SECURITE ET LA SANTE AU TRAVAIL SONT-ELLES GARANTIES A L'USINE DE GRIGNY? (Deuxième partie)
2) COMMENT LES ORGANISATIONS DU TRAVAIL ET LA GESTION DU TEMPS PEUVENT ETRE UN FACTEUR D'INSECURITE?

A vos marques.. prêts... partez... pour l'insécurité!

Quand le LU va mal, pas besoin de regarder les beaux histogrammes des graphiques de la cafétéria pour être renseigné, il suffit de voir un superviseur arriver sur les postes de travail avec un chronomètre flambant neuf.

Et si on chronométrait le CDU!

Quand les machines ne fonctionnent pas, les salariés chronomètrent aussi le temps que met le CDU pour avoir la pièce défectueuse. Pour le Roucaire du groupe H en panne, les salariés ont chronométré 1 mois pour le remplacement. Le temps était si long que la montre a dû être remplacée par l'agenda Coca-Cola. Il semblerait qu'il n'y avait pas dans l'usine le budget permettant d'aller en avion chercher le matériel en Autriche. Si la sécurité du produit pour le consommateur n'est pas toujours assurée par l'employeur, comment la sécurité des salariés pourrait-elle être garantie aussi?

Petit guide pour la rédaction d'une procédure:

Dans le dernier compte-rendu du CE affiché sur la marche de l'entreprise, les salariés peuvent lire un curieux dialogue. Un représentant du Comité d'établissement se plaint du fait que l'on chronomètre des temps de changement de format en faisant intervenir des salariés spécialistes, les professionnels de maintenance, alors que les opérations sont ensuite faites par des opérateurs non-spécialistes et qu'on leur demande de tenir le temps des autres. Force Ouvrière a fait remarquer pour sa part qu'en même temps que l'opération chronométrage qui vise à lancer des rédactions de procédures dans la foulée, l'employeur a initié l'obligation légale d'évaluation des risques sécurité des postes et qu'on n'en a pas tiré les conséquences. Des opérations de changement de format sur le H ont fait apparaître de nombreuses anomalies, incohérences et dangers (remontées y compris par les superviseurs qui n'avaient pas oublié d'amener le chronomètre). Il serait logique qu'une procédure prenne en compte les éliminations des risques sécurité au préalable si l'on ne veut pas figer l'insécurité dans le marbre des procédures. L'employeur a finalement admis que les points de vue des élus étaient justifiés. Espérons que l'application sur le terrain sera conforme à ses propres conclusions. Force Ouvrière le lui rappellera si nécessaire et si vous continuez à faire confiance à nos candidats pour oser vous défendre.

Les réclamations de la délégation du personnel méritent-elles le respect?

Les réclamations de la délégation du personnel servent aussi à faire remonter, parfois plus vite que les "fiches incidents", les problèmes d'amélioration des postes de travail. Un précédent Responsable des Ressources humaines, parti aux Etats-Unis sur le projet Pinnacle, s'en était heureusement aperçu et avait ajouté aux réponses des délais et des responsables de réalisation. Et non les éternelles réponses bateaux "nous allons étudier le problème sérieusement" qui ne font plus sourire et qui semblent issues d'une macro Word qui fait du copier-coller-texte tant elles se répètent. Le temps n'est plus où on prenait au sérieux les réclamations transmises par la délégation du personnel et maintenant on a l'énorme enquête sur les risques sécurité. Combien d'années va-t-il falloir pour le dépouillement? Mystère. La comète des enquêteurs réapparaîtra-t-elle? On n'a pas encore évalué son cycle. Les salariés enquêtés seront-ils informés des risques évalués à leur poste? On attend encore. Les salariés espèrent que l'accident n'arrivera pas avant la fin du traitement du risque évalué.

Histoire d'une fuite et histoire d'une électrocution:

En tout cas, Force Ouvrière a rappelé constamment à la fois les fuites d'eau dans les toilettes de la cafétéria et la non-conformité des prises des appareils distributeurs de boissons et friandises de l'autre côté de la paroi. Jusqu'au jour où les deux se sont rencontrées et où un accident et une hospitalisation d'une salariée sont survenus lors d'une opération simple de nettoyage. Ceux qui pouvaient lire les questions en souriant sur l'importance que Force Ouvrière attachait aux fuites sont bien obligés de convenir que le danger est tout autant derrière les petites choses que les grandes choses. Un élu se doit d'interpeller l'employeur avec toutes les réclamations, même si le nombre des questions peut exaspérer ceux qui sont obligés de leur donner réponse.

L'arbre fera-t-il réfléchir à la forêt?

Force Ouvrière remarque que la pratique de la question est non prioritaire pour un employeur quand elle est écrite, mais que la question pratique avec accident et hospitalisation est prioritaire. Non seulement prioritaire, mais urgente. Au lieu d'écrire un arbre des causes, on a préféré signer une facture. Il est malheureux de voir qu'il faut un accident d'électrocution pour avoir une prise de courant conforme. Les fuites d'eau étaient jugées par l'employeur au regard du coût de la goutte d'eau. Quand elles risquent de condamner l'employeur, on n'hésite plus à faire venir des entreprises extérieures pour régler toutes les fuites et peut-être solutionnera-t-on d'autres causes de fuites qui peuvent avoir leurs propres conséquences.

La sécurité est-elle un risque ou une politique?

Quand c'est un problème de baisse de LU, on fait venir le maximum de techniciens d'entreprises extérieures. Combien faudra-t-il d'hospitalisations pour avoir l'ensemble des travaux sécurité de l'usine réalisés? Dans les tranchées de la Première guerre mondiale, il a fallu franchir le premier million de morts pour que les gouvernants s'inquiètent du bien fondé de leur stratégie. L'employeur saura-t-il changer de stratégie et faire confiance aux élus que se donnent eux-mêmes les salariés lors des élections professionnelles?

Qui encadre quoi?

Récemment, l'employeur a changé les organisations du travail dans deux zones, le soufflage et la siroperie. Et il annonce encore d'autres changements. Ce que les salariés constatent, c'est que les organisations qui fonctionnent sont avec des responsables de services car ils commencent à balayer devant leur porte. Par contre, les organisations où on veut gérer des interfaces ou des objectifs (LU, plaintes consommateurs, ...) en faisant chapeauter à une personne plusieurs services ou zones mettent en cause la santé (stress) et la sécurité (mise en danger) des salariés. Evidemment, au niveau direction, on peut mettre en avant des prétextes pour masquer ses intentions et ce qui est dit n'est pas toujours ce qu'on pense.

Aide-moi et je te dirai qui tu es!

Verra-t-on les nouveaux responsables mettre la main à la patte pour aider les salariés dans des phases difficiles, comme n'hésitaient pas à le faire les anciens responsables? On peut rêver et pour le moment, on voit surtout qu'il y a un peu plus de réunionnite et un peu moins de présence terrain.


   top.gif    Dépôt CCE Grigny: 9-avril-2003   
   c.gif    Responsable de publication: André PUJOL