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No32
   2-avril-2003   

POURQUOI IL Y A MALAISE A L'USINE DE GRIGNY

Le LU est-il un bon indicateur ?

Quand une armée marche dans le désert en oubliant la moitié de ses équipements et la consolidation de ses avancées, elle ne va pas bien loin. Comment l'usine de Grigny va-t-elle à la poursuite du LU?

Les réajustements sont-ils des solutions ou des cautères sur une jambe de bois ?

Le CDU a décidé de renforcer la pyramide du management avec un premier réajustement et en annonce un second. Construire une belle pyramide, cela impressionne, mais la réalité de l'usine est différente : si la pyramide n'encadre que le tiers de la journée puisque l'usine fonctionne en 3 x 8 et en 2 x 12, le management va surtout servir à la réunionnite.

La multiplication des réunions sert-elle à régler des problèmes ou à brasser du vent ?

Si vous partez pour un long voyage, vous aller rechercher depuis quand date la dernière révision et si elle est éloignée, vous allez l'anticiper. Si vous faites partie de l'équipage pilote d'une usine, vous regardez les compteurs, le compteur de vitesse et le compteur de moyenne. Si en route ça tambourine quelque part, vous irez faire une visite au garagiste du pays, et s'il manque de l'huile, vous ferez le pari que ça tiendra bien jusqu'à la prochaine étape. Les salariés croyaient que pour avoir de bons résultats, il fallait une bonne maintenance, des équipements en état de marche pour atteindre les rendements demandés et réagir rapidement sur les problèmes. Vous avez tout faux, la maintenance, c'est du temps en moins pour le LU. Les salariés croyaient qu'il fallait des contrôles et des effectifs suffisants pendant les temps d'arrêt pour avoir une bonne image auprès de la direction de CCE. Erreur, c'est le chiffre du LU qui conditionne les félicitations.

Les opérationnels sont-ils au service des chefs ou de la production ?

Si la direction de CCE ne voit que le LU, certains chefs semblent plutôt attachés à gérer leur carrière. Montrer qu'on bouge, qu'on se démène, qu'on a des solutions à tout, qu'on n'hésite pas à harceler ses subordonnés, cela sert à faire avancer sa carrière à défaut de LU. Et si le LU n'avance pas, on pourra toujours montrer du doigt son collègue ou l'accuser de ne pas faire du cinéma. Les salariés ne savent pas très bien qui est responsable de quoi. Ce qu'ils attendent des chefs, c'est qu'ils prennent leurs responsabilités.

La communication passe-t-elle entre les managers et les managés ?

Beaucoup de salariés voient que tout est dilué, qu'ils ne sont pas toujours formés aux taches qu'on leur demande. Si l'on veut produire avec des critères de qualité, il faudrait que la logique de la qualité soit comprise par les responsables de la production. On a plutôt l'impression que les règles de la qualité sont des check-lists, qu'il y a connaissance de bribes d'information plus que des choses elles-mêmes. La transmission de la connaissance commence quand les salariés posent des questions et non quand on change la donne.

Le consommateur est-il le nouveau contrôleur qualité chez CCE ?

Le contact consommateur est-il un problème à traiter ou le maître d'oeuvre de la qualité ? Doit-on imaginer la forêt à travers le premier arbre qu'on voit ? On peut toujours mettre une référence en face d'une donnée, mais elle n'est pas obligatoirement une cause. Satisfaire le consommateur, c'est bien, mais cela ne saurait se réduire à satisfaire le consommateur mécontent.

Les effectifs sont-ils suffisants ?

Les professionnels de maintenance sont suffisants quand il y a des pannes normales avec des machines révisées. Mais ils ne sont pas suffisants quand l'un est en pause ou en congé, quand le lundi il faut réparer plus de machines qu'il n'y a de personnes disponibles, quand il faut à la fois faire le travail correctif et le travail de réparation suite à du préventif écourté ou annulé, quand il faut intervenir sur deux zones avec un seul présent.

Les opérateurs de production ou de qualité sont suffisants quand il n'y a pas trop de problèmes importants. Mais ils ne sont pas suffisants quand l'un n'est pas remplacé, que l'opérateur de zone production qui devrait remplacer pour les pauses est rivé à une machine, quand on veut qu'ils conduisent plusieurs machines éloignées en même temps.

L'histoire de l'usine est-elle celle qu'on raconte ou celle qu'on crée ?

Les contacts consommateurs, les résultats du LU, c'est l'histoire au jour le jour qu'on écrit en oubliant la réalité. L'histoire réelle est celle qu'on crée. Comment ?
  • En donnant à la maintenance la formation, les effectifs, les pièces détachées, les outils et l'organisation permettant d'avoir un maximum de préventif et non en lui réduisant ses temps de maintenance préventive ou en la poussant à faire vite ses interventions correctrices.
  • En ayant des chefs au service des managés et non des managés au service des chefs.
  • En donnant à chaque opérateur le pouvoir d'arrêter la mauvaise qualité et non en produisant sans souci et en faisant recycler sans fard.
  • En travaillant et en communiquant ensemble et non un service contre un autre, un manager contre ses managés.
  • En développant les compétences et en reconnaissant les efforts de chacun et non en faisant stagner les opérationnels ou en les stressant.


   top.gif    Dépôt CCE Grigny: 2-avril-2003   
   c.gif    Responsable de publication: André PUJOL