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No31
   27-janvier-2003   

LE PAYSAGE SYNDICAL A GRIGNY

Quels sont les syndicats actifs à l'usine de Grigny?

Il n'y a pas mystère. Si on regarde la confiance qu'ont porté les salariés de la ZAC des Radars lors des élections prud'homales, les deux syndicats en tête sont les mêmes qu'à l'usine de Grigny. Les salariés savent que pour défendre leurs droits et leur dignité, il ne faut pas trop compter sur un Responsable des Ressources Humaines qui entend plus le son de cloche de la hiérarchie que celui de la réalité des conditions de travail et des mots offensants ou des actes malveillants. Si les salariés ont fait confiance aux élus de notre syndicat FORCE OUVRIERE, c'est forcément parce qu'ils constatent que nous défendons et aidons les salariés au quotidien, quel que soit leur statut ou service.

Qu'y a-t-il derrière les rumeurs d'un nouveau syndicat à Grigny?

Il nous est rapporté par plusieurs dizaines de salariés de différents statuts qu'on les sollicite pour entrer dans un nouveau syndicat en préparation. Aucune revendication n'est mise en avant auprès des salariés. On leur fait seulement miroiter une présentation sur des listes électorales à l'occasion des élections professionnelles de 2003. Si on promet de présenter, on se garde bien de garantir une élection puisque les places offertes par le Code du travail sont dépendantes du nombre alloué en fonction des effectifs et pas des promesses d'une liste électorale. S'il y a trois postes à pourvoir en Comité d'établissement pour le collège employés-ouvriers alors qu'il existe déjà quatre syndicats y présentant des salariés, il est bien évident qu'un cinquième syndicat à des chances proches de la nullité d'avoir un élu. Au plus pourrait-il avoir au moins les voix de ceux qui auraient accepté de financer ce futur syndicat pour que leur délégué syndical ait 15 heures de délégation. Les syndicats nationalement reconnus étant tous déjà présents au sein de Coca-Cola Entreprise, il est clair qu'il ne peut prétendre au vu de la législation actuelle à négocier ou signer un quelconque accord d'entreprise puisqu'ils se négocient au niveau central chez nous. Il semblerait donc qu'il puisse s'agir d'un syndicat maison, propre à Coca-Cola Entreprise, comme par exemple chez Citroën.

Qu'y a-t-il derrière des promesses électorales?

Derrière des promesses électorales qui sont honorables, il y a le travail ou le non travail des élus. Il est normal que des salariés électeurs croient aux promesses électorales, mais il n'est pas normal que des élus n'aient pas un travail de défense ou d'aide des salariés à la hauteur de ces promesses. Il est vrai que les listes qui il y a deux ans ont fait des promesses de voyages ou des promesses de réclamations en délégation du personnel ne sont pas celles qui les ont concrétisées. Il n'est pas sérieux de se réveiller quelques mois avant les élections en espérant que les salariés voudront bien oublier que pendant un an et demi on s'est contenté de prendre des heures de délégation sans service pour les salariés ou de négliger de prendre ces heures.

Force Ouvrière est un syndicat qui dit ce qu'il pense:

Sur la réduction des effectifs:

Quand un employeur veut réduire le nombre de salariés dans un secteur sans réduire le travail ou sans le remplacer par un robot ou un contrôleur automatique, il est bien évident que FORCE OUVRIERE ne cautionne pas ce qui ne peut qu'aggraver les conditions de travail ou les risques d'insécurité. Et même si on introduit un robot, les salariés savent bien qu'il y aura un réparateur régulier de robot et la galère d'un cariste ayant ou non le CACES.

Sur le discours justificatif de l'employeur:

Pour justifier une réduction d'effectif, la mode est actuellement de parler d'"optimisation" en fonction du trafic ou de la charge de travail. Bien sur, tous les chiffres sont des "moyennes" et donc oublient que le travail des salariés ne se déroule pas au quotidien selon les modes opératoires du système documentaire ISO ou TCCQS ou selon les promesses d'efficience des lignes et de descriptifs de fonctionnement des catalogues des constructeurs. Dans tous les secteurs, on peut chercher à justifier théoriquement qu'il y a un peu plus d'effectif que de besoin en marche normale théorique. Jusqu'à maintenant, nous avions eu des Directeurs qui comprenaient qu'une entreprise fonctionne bien avec des hommes intelligents sachant détecter les disfonctionnements et suppléer aux défaillances des machines et non avec des serveurs de machines.

Sur les conditions de travail:

Il semble que depuis qu'on suit le LU au point de le sacraliser on cherche à mettre ses désirs à la place des réalités en s'imaginant que des effectifs réduits pour un fonctionnement normal vont faire face à des situations anormales. S'il y a une heure de disfonctionnement d'une machine, cela mobilise l'attention d'un ou plusieurs salariés et cela justifie un effectif capable de faire face à cette heure de disfonctionnement. Le seul problème est que les disfonctionnements ne peuvent être prévus, du moins si la maintenance préventive n'arrive pas à suivre tous ses plans d'action. Quand les effectifs ne sont pas suffisants face à une situation difficile, soit parce qu'un employeur a réduit l'effectif, soit parce qu'il ne l'a pas remplacé par des intérimaires ou des chefs mettant la main à la patte en cas d'absence pour maladie, on en arrive à des atmosphères de travail tendues, soit parce que les conditions de sécurité créent des risques pour les salariés, soit parce le suivi qualité ne peut être aussi serein ou régulier, soit parce que la maintenance est obligé de parer au plus pressé, soit parce que la peur de la baisse du LU rend les chefs nerveux dans leurs paroles ou oublieux du travail administratif et social. Privilégier la réparation en cas de dysfonctionnement c'est mieux que le déroutement ou le changement des machines qui ne fait que transférer les difficultés à l'équipe suivante, mais cela ne vaut pas une maintenance préventive respectant des plans.

Sur les dispositifs "homme mort":

En tout état de cause, face à la mise en place de dispositifs d'"homme mort" à la plate-forme, nous avons affirmé en Comité d'établissement en tant qu'élu des salariés que nous ne faisions pas confiance à ce système, car il suppose que le salarié qui aurait un malaise tomberait, ce qui n'est pas obligatoire, surtout assis sur un fauteuil de chariot qui est justement sensé maintenir les salariés en équilibre stable pour les besoins de la conduite. Aucun dispositif n'existe déjà dans l'établissement et l'employeur a été obligé de dire que ce dispositif n'avait été testé que dans une autre entreprise, celle de Coca-Cola Production. Remarquons aussi que quand un élu FORCE OUVRIERE a demandé au Président du Comité d'établissement depuis quelle date existait ce dispositif à Dunkerque, l'affirmation "depuis longtemps" du début a fait place à l'incertitude. De même quand cet élu a demandé quel type de "cariste" était porteur de ce dispositif selon ce qui était affirmé au début, l'incertitude a remplacé la première affirmation. Consulter les élus avec des propos incertains, surtout quant on veut prévenir un homme mort, ce n'est pas sérieux. Et si ces propos sont non seulement incertains mais faux, cela est grave. En tant qu'élu FORCE OUVRIERE, nous avons affirmé notre non confiance dans le dispositif "homme mort" en plus de la baisse des effectifs pour une activité qui n'est pas annoncé en baisse puisque les plans de production et de chargement sont au moins égaux en 2003 qu'en 2002. En pratique, ils sont même supérieurs puisque l'employeur planifie maintenant des arrivages de produits extérieurs d'autres usines à décharger et à stocker. Accepter un tel dispositif "homme mort", d'autres élus l'ont fait par leur avis d'autorisation ou par la politique de la chaise vide. Ce n'est pas acceptable pour FORCE OUVRIERE car c'est mettre les salariés concernés en danger d'être licenciés si leur santé venait au fil des ans à être moins bonne puisqu'il pourraient être alors déclaré inaptes à un poste de cariste avec dispositif "homme mort". Etre salarié sous réserve d'être toujours en bonne santé, ce n'est pas possible et si la Sécurité Sociale existe, c'est bien parce que nous sommes des hommes et donc des êtres susceptibles d'être malades.

Force Ouvrière est votre force, mais nous ne sommes pas forts sans vous

FORCE OUVRIERE, ce sont d'abord des hommes. Nous sommes salariés à part entière et nous avons fait le choix de contribuer à votre bien-être par le travail syndical en dehors du travail quotidien. Les instances représentatives, Comité d'établissement, Délégation du personnel et CHSCT, représentent une part de ce travail syndical. L'autre partie vous la connaissez très bien chaque fois que vous en avez besoin puisque vous faites appel à nous pour intervenir auprès de l'employeur ou pour vous assister en cas de menace de sanction ou d'agressivité hiérarchique. Nous ne ferons jamais une promesse électorale le temps d'une campagne et cet engagement est connu de tous. Vous savez que vous pouvez compter sur nous pour faire valoir votre droit de retrait face à un danger imminent auquel une situation imprévue vous expose ou qu'un ordre explicite vous donnerait. Dans le Comité d'établissement, nous n'avons qu'une voix sur cinq. Ceux qui sont élus n'ont pas toujours le minimum de générosité, d'altruisme et de courage pour aider et défendre ceux qui les ont élus. On a demandé à nos élus de se porter volontaire pour assumer toutes les tâches du secrétariat. Nous le faisons et nous l'avons déjà fait il y a quelques années après la démission de trois secrétaires en trois mois. Nous ne recommencerons pas une troisième fois ce sauvetage et si les élus qui s'estiment majoritaires ne veulent pas assurer le travail que les salariés attendaient d'eux, nous ne seront plus les sauveurs et les électeurs devront revoter pour élire des salariés travailleurs. En tant que syndicat, nous avons toujours accepté de travailler avec les élus d'autres syndicats qui partagent le respect des autres dans leur dignité, leur sécurité et leur droit de vivre en vendant leur travail et leurs compétences. Face aux situations anormales qui se passent dans notre établissement, nous avons besoin d'éléments actifs pour que FORCE OUVRIERE soit plus fort. Pour intervenir, nous avons besoin de votre adhésion pour comprendre tout ce qui se passe dans les services de l'usine, de votre participation pour être le relais des droits des salariés.

La situation à Grigny est-elle bonne?

L'usine et la plate-forme de Grigny ont un avenir et il est clair que nos productions sont indispensables dans le système Coca-Cola en France. La mise en place par accord du Comité de Groupe permet d'avoir un suivi détaillé des projets et des résultats de Coca-Cola Entreprise et de Coca-Cola Production. Il nous a été dit que nous devions nous améliorer et il est normal d'attendre d'une usine autant diplômée qu'elle soit à la hauteur des efforts dont nous avons déjà montré que nous étions capables. Bien sûr, ceux qui nous dirigent veulent parfois des choses contradictoires, le beurre et l'argent du beurre. Nous, en tant que salariés, nous savons qu'à chaque jour suffit sa peine, que le salaire doit correspondre au travail, les points suivre le mérite et qu'il n'y a pas d'objectif ambitieux sans moyens suffisants. Quand l'employeur ne met pas les moyens en rapport avec l'objectif, il sait
  • que le travail mettra plus de temps à réussir et que le booster ne donne pas un troisième bras,
  • que les risques qualité augmentent car la qualité ne se fait pas en faisant autre chose en même temps,
  • que l'insécurité s'installe et que l'accident du travail n'est que la suite d'un risque sécurité.
Quand on reçoit des ordres contradictoires, des vexations inimaginables ou qu'on ne respecte pas nos droits de salariés, rien ne va plus. Il se passe des choses révoltantes et FORCE OUVRIERE ne peut admettre les guerres privées qui se passent en ce moment à Grigny. L'employeur ne peut pas ignorer a posteriori ce qui révolte les salariés victimes et les collègues qui les côtoient. Il est plus que temps que notre Directeur dise stop. S'il ne le dit pas, FORCE OUVRIERE assumera ses responsabilités et demandera les débrayages que les salariés voudront marquer.

   top.gif    Dépôt CCE Grigny: 27-janvier-2003   
   c.gif    Responsable de publication: André PUJOL